Le registre de la « dignité » fait aujourd’hui partie des revendications des mouvements sociaux contemporains à travers le monde, à côté des revendications liées à des questions matérielles ou des questions de droits, et ceci qu’il s’agisse du terme de « dignité », ou plus largement des expressions d’« indignation », de « logement digne » ou encore de « travail décent ». Comment comprendre ces revendications, en dehors d’une approche essentialisant la dignité en la réduisant à un attribut naturel de l’homme et sans partir d’une définition a priori de ce qu’est la dignité ?
Pour y répondre, Alexis Martig s’appuie sur deux années de recherches de terrain auprès d’un de ces mouvement sociaux – le Mouvement des Sans Terre du Brésil – et développe une anthropologie de la dignité en contexte de lutte sociale. Il revient sur ces expériences de participation et d’observation des pratiques spécialement développées par le Mouvement des Sans Terre dans sa lutte pour la dignité des travailleurs ruraux brésiliens, et les analyse au prisme des théories de la reconnaissance sociale (Taylor, Honneth, Fraser, Renault, Margalit). L’auteur cherche ainsi à comprendre l’aspect moral de la lutte du Mouvement des Sans Terre et, plus largement, la part et le rôle des sentiments dans la construction et la négociation des hiérarchies sociales au Brésil.

Alexis Martig est docteur en Anthropologie de l’Université Lyon2 et actuellement post-doctorant au CELAT, à l’Université Laval au Canada financé par le Tubman Institut/York University, la Région Rhône-Alpes (dispositif Explora’Pro) et le CELAT. Il conduit des recherches sur la lutte contre le « travail esclave » rural au Brésil, et plus largement sur l’« esclavage moderne », les mouvements sociaux et les droits humains