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Hommage à Antonio Cândido de Mello e Souza (1918-2017)

Hommage à Antonio Cândido de Mello e Souza (1918-2017)

“Eu tinha um pouco menos de 14 anos e comecei logo por Saint-Hilaire esse processo de iniciação ao Brasil.”
Antonio Cândido de Mello e Souza, interviewé par Heloisa Pontes, RBCS, 16, 47, octobre 2001

 

Antônio Cândido, maître de tous les maîtres, dont la vie, l’œuvre et la pensée ont formé des générations de spécialistes des sciences sociales, d’historiens, de critiques littéraires et de créateurs de la culture brésilienne est décédé le 12 mai dernier. Antonio Cândido de Mello e Souza était né en 1918, à Rio de Janeiro, mais avait passé son enfance et sa jeunesse dans la charmante ville et station thermale de Poços de Caldas dans le Minas Gerais. Il avait été éduqué dans une famille qui lui avait transmis la familiarité avec les classiques français et le goût des conversations prolongées.

Il s’inscrivit en 1939 dans la toute nouvelle Université de São Paulo (créée cinq ans plus tôt) où il fit des études de sciences sociales et politiques au terme desquelles, en 1942, il fut recruté par Fernando de Azevedo, titulaire de la chaire de sociologie, et devint le collègue de Florestan Fernandes, le grand sociologue brésilien. Sa formation fut aussi marquée de manière significative par la fréquentation des professeurs français qui, durant la Deuxième Guerre mondiale enseignaient à l’USP, notamment Jean Maugüe (philosophie), Roger Bastide (sociologie de l’art et de la littérature) et Pierre Monbeig (géographie humaine).

Parallèlement à sa carrière universitaire (qui dura jusqu’en 1978), il écrivit régulièrement dans les principaux journaux et revues de son pays, dirigea la revue Clima (1941-44), coordonna de nombreux suppléments littéraires et publia des essais critiques dont l’impact fut décisif.

En 1954, il défendit une thèse de doctorat sur la vie quotidienne dans une communauté rurale de l’hinterland pauliste (Parceiros do Rio Bonito). En 1959, il publia Formação da Literatura Brasileira: momentos decisivos 1750-1870 – une œuvre magistrale de l’histoire de la littérature brésilienne – dans laquelle il associe la production littéraire au processus de formation de la sphère publique au Brésil. Antônio Cândido a proposé une nouvelle compréhension du canon littéraire national, redécouvrant des œuvres oubliées de la critique et de l’historiographie de l’époque. Ce travail doit la profonde influence qu’elle exerça non seulement à l’originalité de ses méthodes d’analyse mais aussi à son écriture, cristalline. Parmi les essais qui ont eu la plus forte répercussion au Brésil se détache la célèbre préface à la cinquième édition de Racines du Brésil de Sérgio Buarque de Holanda (1969). Tout au long de sa vie, il fut un intellectuel public, l’interprète majeur de la vie culturelle brésilienne et mondiale, ne négligeant ni le cinéma, ni le théâtre, ni la musique ou les grandes fêtes populaires.

Il ne cessa de s’engager dans les luttes politiques. Dans sa jeunesse, il milita pour la fin de la dictature de Vargas en adhérant (en 1947) au Parti socialiste brésilien (PSB). Dans les années 1970, il déclara publiquement son opposition au régime militaire (1964-86) accueillant chez lui des victimes de la dictature. Aux côtés d’autres intellectuels, il fut l’un des fondateurs du Parti des travailleurs (1980) et, plus récemment, il s’éleva contre la destitution de Dilma Rousseff (2016).
Antonio Cândido donna des conférences dans de nombreuses universités américaines et européennes notamment à la Sorbonne (1964 et 1966) ou à Yale (1968). Ses principaux articles et livres ont été traduits en anglais, en français ou en espagnol et ont exercé une grande influence dans la vie intellectuelle latino-américaine, rapprochant le monde brésilien du monde hispano-américain. Il publia le livre Critica radical dans la célèbre collection Ayacucho. En 1998, il reçut le prestigieux prix Camões des gouvernements brésilien et portugais et en 2005, au Mexique, le prix international Alfonso Reyes. Premier brésilien ainsi honoré, il rejoint ainsi Borges, Carpentier, Malraux, Octavio Paz ou Harold Bloom au palmarès de la plus importante récompense intellectuelle latino-américaine.

Iris Kantor (Université de São Paulo)
18 mai 2017
 

Quelques livres en français :
• Art et société, Paris, Presses universitaires de France, 1963
• L’Endroit et l’envers: essais de littérature et de sociologie, Paris, UNESCO et Métailié, 1995.
• Préface à Sérgio Buarque de Holanda, Racines du Brésil, Paris, Gallimard, 1998.

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